Auteur: Jean-Louis Lascoux

Pourquoi la médiation d’Alain Juppé a échoué ?

L’échec de l’intervention d’Alain Juppé dans l’affaire de la présidence de l’UMP opposant François Fillon et Jean-François Copé, a fait l’objet d’un constat par une presse unanime : le maire de Bordeaux, fondateur de l’UMP avait peu de chance d’aboutir. Pourquoi ? Pour les raisons de la mauvaise volonté des protagonistes ? Et si, en réalité, les deux querelleurs n’étaient pour pas grand chose dans cet échec ? Et si en réalité il fallait trouver l’échec de cette intervention dans le manque de savoir faire de l’intervenant ?

Cette question intéresse les médiateurs en herbe. Elle place la barre où elle doit l’être pour confronter les intervenants dans les conflits à un niveau d’exigence suffisant pour qu’ils cessent de reporter leur manque de compétence. Les parties en conflit sont disposées à en découdre. Elles cherchent à s’imposer à l’autre, sinon elles ne seraient pas en conflit. Dans l’affrontement, elles sont donc dans leur rôle. Mais, l’intervenant prétendu médiateur qui se hisse sur ses exigences, est-il réellement dans son rôle ? C’est là le sens de mon interrogation et de ma proposition de réflexion.

Quelques auteurs, comme dans l’Express, se sont aventurés dans une tentative d’analyse des causes de cet échec. Mais les explications politiques ne permettent pas de comprendre ce qui conduisait irrémédiablement à cette impasse. Certains en arrivent même à supposer qu’Alain Juppé ne voulait pas vraiment réussir. Ils lui trouvent des justifications psychologiques avec la relation à l’échec comme une aspiration profonde. Les voies de la psychologie sont aussi sinueuses que d’autres sont réputées impénétrables. Un chroniqueur, Alain Chandelier, dresse un portrait fantasmatique du médiateur idéal, dans lequel il projette sa manière de considérer l’efficacité de l’intervention d’un médiateur : mère Teresa avec un casque bleu. De fait, même si le portrait robot qu’il fait est vraiment à côté de la réalité, il reste le seul à avoir tenté de répondre à la question qui revient en boomerang sur le tiers : pourquoi cette mission a-t-elle échoué ?

La perte de confiance

Il est cependant possible d’avoir une approche plus rationnelle de la situation et de l’observer avec les outils de la médiation professionnelle. La première cause de l’échec apparait en transparence de l’intervention d’Alain Juppé. Dans notre espace professionnel, nous savons que la première condition qu’il s’agit d’obtenir pour lancer une médiation est un minimum minimorum de confiance. A priori, Alain Juppé pouvait l’avoir de la part des deux protagonistes. Mais il a compromis ce potentiel tout au long de ses prises de paroles publiques.

Le manque d’impartialité en devenant intéressé par des aspects de la situation

L’autre erreur d’Alain Juppé a été de gâcher cet acquis en entrant lui-même dans la relation conflictuelle comme un nouveau protagoniste. Il a brouillé l’impartialité en se mettant dans la posture de celui qui assurerait un intérim en attendant qu’une autre solution soit trouvée. Jean-François Copé ne pouvait accepter cela, c’était évident. L’accepter c’était abandonner et se mettre dans une position de devoir reconquérir, alors qu’il était dans la place, occupait l’espace, avait son fauteuil et son bureau dans les locaux du siège même de l’UMP. Les conditions d’Alain Juppé ne pouvaient trouver un accueil de la part des deux adversaires.

L’atteinte à la confidentialité

Et toutes ces erreurs se cristallisent dans une seule. une erreur grossière et majeure, qui passe inaperçue tant elle est énorme : l’atteinte à la confidentialité. Alain Juppé a pris la parole avant d’intervenir. Plusieurs fois. Il a médiatisé son intention. Il a proclamé ses propositions. Il a dit ce qu’il pensait de la situation. Il a tenu des propos moralisateurs envers l’un et l’autre. Il s’est présenté comme un pater familias tandis que des invectives pleuvaient sur une situation que l’un des protagonistes dénonçait comme mafieuse. Toute la presse était au courant de ce qu’il allait dire et les deux acteurs étaient informés comme n’importe qui. N’importe qui ? Précisément ce que ni l’un ni l’autre ne souhaite être. Ils étaient invités, voire sommés de se démettre et à se soumettre. Le sentiment d’être méprisés ne pouvait qu’être au rendez-vous de ces prises de positions médiatiques. Les journalistes rapportaient les propos avec une délectation évidente et participaient à creuser le trou de cette médiation qui avait tant de mal à se mettre en place.

Pas une médiation, en tout cas pas professionnelle, mais l’échec d’une conciliation

Si l’on nomme médiation l’intervention de tout tiers peu compétent, mais motivé, intéressé par un résultat et concerné par l’affaire, alors c’était une médiation. Mais la médiation ne consiste pas en cela. C’est vrai qu’il existe des formes de médiation très diverses : connotation religieuse, connotation juridique, connotation psychologique. La morale, l’intuition, le bon sens, le rappel à la règle, aux us et coutumes, sont les moyens utilisés par toutes ces pratiques. Et c’est vrai qu’Alain Juppé a eu recours à des accents moralisateurs. Ces formes de médiation enseignées un peu partout, sont en fait des pratiques associées à la conciliation : on propose des solutions. On recommande et tente de convaincre. A tout le moins, on pourrait considérer qu’il s’agissait d’une tentative de conciliation, le conciliateur étant un tiers qui recommande des solutions sans pouvoir les imposer. Voire il aurait pu s’agir d’un arbitrage, mais Alain Juppé n’avait pas l’autorité pour cela.

Donc, il s’agissait plus d’une conciliation qui a échoué que d’une médiation.

Ce qu’il convient de retenir

Pour se lancer dans l’aventure de la résolution d’un conflit, il convient de respecter le Code d’éthique et de déontologie des médiateurs professionnels, notamment par ces éléments de postures avec lesquels on ne négocie pas : impartialité, neutralité et indépendance. Et aussi, sans tergiverser, de garantir la plus stricte confidentialité.

Ces quatre aspects tendent à restreindre très clairement le nombre d’intervenants possibles aux médiateurs qui se sont engagés dans une formation sérieuse dispensée exclusivement par l’EPMN et dans le respect du CODEOME.

La Valls des droits va-t-elle continuer ?

Une française, Aurore Martin, a été extradée en Espagne parce qu’elle est militante d’un parti légal en France mais illégal en Espagne. Ne serions-nous plus en sécurité en France pour combattre ce qui nous apparait injuste dans le monde ?

Quel est donc le sens d’agresser ainsi des convictions ? Quel est donc cet écho de bottes que nous entendons frapper ? Quelle est donc cette forfaiture ? Quel est donc cet anachronisme ? Imaginerions-nous là-bas le franquisme et ici le pétainisme ? La crise économique doit-elle trouver d’autres exutoires ? Des boucs émissaires ? Des politiciens auraient-ils besoin de distraire l’opinion parce qu’ils ne parviendraient pas à tenir des promesses illusoires ?

Il est terriblement regrettable de constater que le ministre de l’intérieur, certes le plus répressif de tous ceux que la gauche socialiste ait pu fédérer, se lance dans une transgression fondamentale du droit coutumier. Faut-il rappeler que Manuel Carlos Valls, d’origine espagnole, est devenu français en 1982 ? Doit-on y voir là l’explication de cette complicité avec l’Etat Espagnol ? Expédier une personne de nationalité française dans un pays qui la condamne déjà à une peine de prison, tandis qu’en France elle ne serait pas poursuivie pour ce qui lui est reproché là-bas, c’est inquiétant. Inquiétant pour chacun. Inquiétant pour tous. Dramatique pour Aurore Martin. Dramatique aussi pour toutes les personnes militantes pour des causes extérieures à la France.

Plus d’une décennie de prison ! Douze ans de réclusion pour avoir été solidaire du parti indépendantiste Batasunat illégal en Espagne mais légal en France.

Rappelons que Batasunat est un parti politique socialiste, féministe, libertaire, écologiste, ce qui est contraire au position de Manuel Carlos Valls. Batasunat est indépendantiste, certes. Ce parti est celui de ceux qui défendent une cause légale en France, prétendument terroriste en Espagne. Et puis Aurore Martin est française. Mais elle va devoir faire la preuve de son innocence en étant enfermée là où la police franquiste l’aurait torturée. N’y-a-t-il pas une honte qui plane sur cet hiver politique ? Ne doit-on pas d’abord prouver qu’une personne est coupable pour la condamner ? L’Europe de la politique se corrompt-elle totalement ?

Il faut bien constater que le pays des droits de l’Homme n’est pas celui des droits de la Femme. Faudrait-il qu’elle soit voilée pour qu’il n’osât pas y toucher ? Même le Front National vient faire cause commune pour dénoncer cette mesure agressive contre tous les principes que nous sommes en droit d’attendre du pays où nous sommes nés.

L’indignité est-elle installée place Beauvau ? A quoi faut-il s’attendre maintenant ? Combien de personnes ont voulu que cesse le système qui a été mis en place lors du précédent quinquennat ? Est-ce pour racoler sur les terres plus arides en liberté qu’une Française est envoyée dans les geôles espagnoles ? C’est incompréhensible. Le candidat François Hollande s’était prononcé sur l’affaire. Devenu président, la mémoire lui ferait défaut et les circonstances l’inviteraient à changer de point de vue. On n’ose y croire. Le parti communiste proteste. La Ligue des droits de l’Homme proteste. Le parti écologiste proteste. Des élus UMP se joignent à cette protestation, avec le Front National.

Le jeu est dangereux de provoquer ainsi une mobilisation si souterraine qu’elle risque de faire basculer les ambitions de rester longtemps au sommet de l’Etat. D’ici là, l’inquiétude citoyenne ne peut qu’être forte. Comment avoir confiance en des politiques qui bradent la citoyenneté ? Avec cette politique, sommes-nous en sécurité dans notre propre pays ?

Les photos sont extraites de Wikipedia

Grippes : ceux qui vivent de la fabrication des vaccins se portent bien…

A en croire l’AFP, les déclarations du laboratoire suisse Novartis, dont les vaccins sont suspectés un peu partout dans le monde, considère que ce n’est rien de voir sa distribution des vaccins antigripaux suspendue au Canada : l’impact serait de peu d’importance.

La décision de suspension de la distribution des vaccins saisonniers antigrippaux de Novartis a été prise après la découverte d’amas de matières blanches dans les lots.

Le Canada n’est pas le premier pays à prendre cette mesure considérée comme négligeable par le géant : la France, l’Italie, l’ Allemagne, l’Autriche et même la Suisse l’ont déjà fait.

La recommandation est faite à tous les professionnels de la santé en possession des vaccins de ne pas les utiliser.

Compliance – film de manipulation

Le mot “compliance” en anglais signifie la conformité et évoque la malléabilité pour se conformer. D’où ce titre pour un film sur la manipulation agaçante pour le spectateur qui se sent inévitablement pris en otage, à moins qu’il y trouve lui-même une complaisance.

L’histoire

La journée commence par quelques contrariétés anodines pour Sandra, gérante d’un fast-food. Tandis que la journée est lancée, elle reçoit un appel d’un policier qui porte des accusations de vol sur une jeune employée. L’appel va transformer Sandra en auxiliaire de la voix du policier. La jeune caissière va se soumettre à ses injonctions, puis d’autres membres du personnel vont se prêter au jeu de la voix, se passant le combiné sans jamais raccrocher ou demander le numéro de téléphone de leur interlocuteur. La jeune femme va se déshabiller jusqu’à être violée.

Fiction ou réalité

Le film est présenté comme tiré d’événements vrais. Il paraîtrait qu’aux Etats Unis un homme aurait passé une soixantaine de coups de fil dans trente Etats différents pour manipuler de cette façon des personnes et leur faire faire des choses de ce genre. Quoiqu’il en soit, le scénario a tout lieu d’agacer. Il est évocateur de multiples situations, de la manipulation la plus simple à la prolifération des rumeurs.

Un sujet politique et social

De la crédulité humaine, à la soumission déjà traitée dans “I comme Icare“, où l’expérience de Milgram est présentée sous les yeux d’Yves Montant, en passant par les manipulations politiques dénoncées par Hannah Arendt (Du mensonge à la violence), le rythme du film, lourd, lent, voir assommant, donne le temps de penser.

En tant que spectateur, il faut ne pas être là pour ne pas savoir où le scénariste nous entraîne. Le viol est à la clé. Il suffit d’attendre. Les ficelles de la manipulation sont grosses. Elles sont tellement énormes en tant que spectateur qu’on peut se demander comment c’est possible. Mais. Mais voilà, ce n’est pas impossible. C’est vraisemblable. C’est sorti du réel.

Cela dit, le film est trop long, les scènes d’un réalisme cru . Non seulement l’ambiance est glauque, mais le scénario est d’une pesanteur sans intérêt. A partir avant la fin.

La tournée de la médiation détournée

Le groupement européen des magistrats pour la médiation, dit GEMME a organisé les IIIème Assises Internationales de la Médiation Judiciaire, l’ANM a mis en place son nouveau look internet avec un pont plein de gens tandis que le précédent était dépeuplé. J’ai eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet sur le médiatoroscope => et ici. Des lecteurs insistent : pourquoi ne pas fédérer tout ce monde de la médiation ? J’ai été tenté l’an dernier par cette idée, et même en 2007, lorsque j’ai pris la suite de Marc Lecordier à la présidence de la CPMN (ex-UNAM-csm). Maintenant, avec le refus d’adhésion des membres de la CPMN à une autre organisation, à mon sens aussi, il est indispensable qu’il  ait plusieurs courants qui s’expriment sur un sujet. Si l’un de ces courants est fondu avec les autres, c’est la confusion qui commence avec une pensée unique qui tendrait à imposer une conception.

Imaginons que ce soit l’idéologie du GEMME, IFOMENE, FNCM, CMAP, ANM et consorts qui obtienne une position dominante. dans ce cas, la médiation serait connotée juridiquement, et moralement. En gros elle aurait une tendance idéologique et religieuse.

Imaginons que ce soit la CPMN qui impose sa vision, alors la médiation serait uniquement rationnelle, avec une connotation de recherche scientifique sur la qualité et la détérioration relationnelle. La médiation des conflits serait professionnelle avant tout et l’amateurisme serait moins ouvert. Des retraités s’ennuieraient de ne pouvoir revendiquer de la sagesse naturelle. Les frustrations seraient nombreuses (même si les clients étaient plus satisfaits, soyons tout aussi clair).

J’ignore ce qui durablement est le mieux. J’ai fait un choix en initiant et développant la médiation professionnelle.

Je suis pour que la médiation professionnelle s’améliore et ne sombre pas dans les turpitudes si faciles de l’incompétence grandissante. Certains jouent de leurs multiples statuts, étant juges ici et conciliateurs là. Il faut que les médiateurs professionnels respectent le Code d’éthique et de déontologie des médiateurs de la CPMN, le CODEOME. Et la CPMN n’est pas ouverte aux manipulations diverses, aux abus et à la duplicité. La CPMN est précisément ouverte aux médiateurs professionnels, formés à une même technique, sachant s’adapter et non s’enfoncer dans la complaisance d’une incompétence qui revient vite. La CPMN est pour les médiateurs professionnels en quête d’amélioration permanente, et c’est sa force.

Dans l’histoire d’une organisation, il  a toujours des détournements. Un médiateur professionnel avec qui je déjeunais tout récemment m’a fait une synthèse de ce qui se passe lorsqu’une organisation fonctionne : il  a le temps des créateurs, m’a-t-il dit, et il  a celui des prédateurs. On ne va pas se plaindre : la CPMN fait grossir les yeux et affûter les appétits. En conséquence, ce n’est pas plus le temps des fusions que celui des confusions.

Votre psychothérapeute vous embrigade-t-il (elle) ?

A la lecture d’un article sur le site Psychologie.com, je me laisse embarquer par une réflexion sur l’embrigadement constant de cette approche. Je dis réflexion au sens où, installé face au site, je fais un retour miroir à son contenu.

D’abord, ce que je vois (oui, faut y aller, c’est vrai) : un article produit par une psychothérapeute qui s’en prend au rôle dans lequel on s’enfermerait. Jusque là, bon, on est habitué à cette démarche clientéliste de la psycho à vouloir étiqueter les personnes et les comportements. On arrive en psycho, c’est aussi sûr que sur un bûcher, on est grillé.

Cette fois, c’est le rôle de médiateur qui est épinglé. Attention c’est un rôle qui relève d’une bonne thérapie. Vous suivez une formation à la médiation, vous devenez médiateur, et zou, direct client pour une thérapie. Vous relevez de la même problématique que si vous êtes plutôt tyran, victime ou juge. Et zou.

Ah, et dites-moi, il n’y a pas de rôle pour le psychothérapeute ? Dommage. La psychothérapeute y va de son discours pourtant d’un enfermement sans pareil : « Nous ne sommes pas tous forcément prisonniers d’un rôle, mais nous avons tous intérêt à identifier le groupe auquel nous appartenons, car prendre conscience de nos conditionnements est le premier pas vers la libération de notre vrai moi. » Hé bien qu’elle crée la définition du rôle de psychothérapeute et elle aura certainement fait le premier pas pour s’en libérer. Exemple d’une question ? Faites-vous des grilles ou vous vous oubliez vous-même ?

L’association nationale des médiateurs fait pont neuf

Plusieurs médiateurs professionnels m’ont demandé ce qu’est cette association ANM – association nationale des médiateurs – qui vient de sortir son site internet remodelé et qui leur adresse des mails non désirés comme si cette association avait accès à notre fichier. J’ai bien dû répondre que les adresses mail figurent sur notre annuaire et que cette association s’agitait pour signaler sa satisfaction d’exister.

L’historique présenté par cette association est clair, même s’il n’est pas limpide. Cette association est issue de la formation dispensée par le prêtre Jean-François Six, à l’Institut de Formation à la Médiation. CQFD : le courant spiritualiste est inévitablement là. D’ailleurs, on retrouve la démarche moralisatrice suffisamment explicite dans les pratiques des animateurs de cette association.

L’ANM est liée par le même code de déontologie à la Fédération Nationale des Centres de Médiation, laquelle fédération a été mise en place par des avocats organisés localement en barreaux auxquels des centres de médiation ont été rattachés.

Il y a un an, en février 2011, la CPMN a parrainé un événement organisé en France par l’ANM sur la médiation, ce qui ne signifie rien d’autre qu’un parrainage ponctuel et ce qui n’exclut pas le fait de recommencer comme de ne pas le refaire.

Des membres de la CPMN font le choix d’être aussi membres d’autres associations. Maintenant, je n’ai pas de réponse quant à savoir si le fait d’être membre du CA de la CPMN est contradictoire avec le fait d’être membre d’une autre association de médiation. Peut-être que le CA devrait se prononcer sur le sujet… Ce n’est pas vraiment un propos qui m’emballe. A priori, pour moi, les multiples cotisations sont l’affaire de ceux qui les dépensent.

La CPMN n’est pas une association comme les autres, puisque c’est le seul organisme syndical. Une tentative a été faite d’en créer un concurrent, mais comme le nom d’une tentative l’indique, ce fut un échec.

La CPMN a été leader et continue de l’être sur un grand nombre de points : le code d’éthique et de déontologie -CODEOME, la médiation préalable, la professionnalisation de la médiation, la certification des formations, la compilation des textes officiels et professionnels, la mise en place de l’observatoire WikiMediation, la publication électronique Mediatoroscope… etc.

Il est important que d’autres associations cherchent à se faire une place, quelle que soit l’obédience qui les inspire. Ainsi, tandis que cette association s’anime, le monde de la médiation s’éclaire : on sait qui est qui et où. On identifie mieux le paysage de la médiation, qu’elle soit indépendante, professionnelle, dilettante ou d’amateurs ; qu’il s’agisse d’une tendance spiritualiste, moralisatrice, juridique, psychologique ou un savant mélange de tout ou partie de cela.

La CPMN ne propose pas d’approche de “gestion des conflits” ; elle ne s’appuie pas sur une conception moralisatrice telle que la “bienveillance” ; elle ne promeut pas l’encadrement juridique des accords ; elle propose la continuité de la médiation par delà l’abandon par un médiateur au nom de critères moraux ou d’interprétations juridiques…

Dans ce paysage, la CPMN est donc la seule structure syndicale et la seule organisation non-gouvernementale affirmée ; c’est la seule organisation des médiateurs professionnels a développer la médiation comme une discipline de la qualité relationnelle, dotée de processus structurés visant la résolution des différends.

Voici donc pour éclaircir les choses ce que je peux répondre à votre interrogation. Ceux qui n’en n’avaient pas auront les réponses 😉

Pas d’accord avec Martin Bouygues

Martin Bouygues, le patron de Bouygues Télécom, s’est fendu d’une longue lettre aux parlementaires. Il leur a expliqué que son nouveau concurrent Free l’oblige à prendre des mesures drastiques. Seule l’insolence semble payer. Un courrier aux parlementaires pour prévenir les risques d’être accusé d’avoir une politique managériale à la France Télécom. Tandis que nous supportons tous une entente si elle n’est pas illicite est de type préjudiciable, entre les grands opérateurs de l’accès au réseau de télécommunication, un tour de joué sur la scène médiatique de celui qui crie le premier apparait comme une victime. On plaint le malheureux.

Nous sommes encore nombreux à nous souvenir que les réseaux téléphonique et électrique ont été financés par nos parents et grands parents. Par des habiletés de gestion, les affaires prétendument pas rentables quand elles étaient 100% publiques ont viré au bonus après avoir été privatisées. La plupart des gestionnaires ont juste changé de mobilier et assis dans de nouveaux fauteuils ont su jongler avec la distribution des actions et des déficits pour faire payer par les contribuables (l’État resté actionnaire majoritaire) les investissements et les plus gros frais d’entretien, tandis que le gros actionnariats passent à la caisse des dividendes. Des paillettes pour les petits.

Une action pour justifier une politique RH à la France Télécom ?

Lorsque les méthodes et stratégies, comme les modes de gestion et la politique des ressources humaines sont dénoncés, les salves d’arguments pleuvent pour noyer l’évidence. Martin Bouygues utilise abusivement l’existence de Free pour justifier son système de profit et surtout sa politique dévastatrice de gestion des ressources humaines. Il annonce une baisse d’effectif dans son entreprise, mais il n’annonce pas une baisse des profits. 556 salariés en moins dit-il aux parlementaires. Free aurait fait venir 134000 clients de chez Bouyghes, sur un total de 12 500 000 clients et ça serait la cause de cette décision prise à contre cœur.

Remettons les pendules à l’heure : en revenant seulement à 2008, Bouygues Telecom n’a jamais connu le moindre contre coup d’une crise qui au contraire semble lui bénéficier. Plus les gens sont mal, plus ils ont besoin de resserrer les liens : aujourd’hui, le téléphone portable sert notamment à cela. Le modèle de la télécommunication se porte si bien qu’on cherche encore comment faire payer de plus petits abonnements pour des choses inutiles à un nombre aussi important de gens.

Donc en 2008, Bouyghes a enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 6 %, à 5,08 milliards d’euros, et un bénéfice net en hausse de 9 %, à 534 millions. Il visait alors une croissance de son chiffre d’affaires de 2 % en 2009. Il a toujours indiqué que la crise avaient des « conséquences limitées » sur son activité. Autrement dit, pas de conséquences négatives, au contraire.  Les télécoms restent le premier contributeur au résultat du groupe. En 2011, Bouyghes annonce un chiffre d’affaire de 5, 741 milliards d’euros. Tout va bien, c’est le moment de baisser les charges de personnel…

Kerviel, le bouc émissaire d’un système pervers…

La Société Générale aurait été la victime de Jérôme Kerviel, un trader sans scrupule. La presse n’a pas de mots assez peu élogieux pour qualifier cet employé qui interpelle plus qu’un peu la notion de confiance. Mais la demande de la banque est si délirante qu’elle en perd toute crédibilité : 390.000 ans de Smic, soit  4,82 milliards d’euro. La banque a déjà récupéré 1, 7 milliard d’euro grâce à une défiscalisation opportune. L’ardoise reste chargée et accompagnée d’une peine de prison de trois ans ferme et deux avec sursis. A contrario, Jérôme Kerviel se présente comme la victime d’un complot. Sa thèse est que la Société Générale a cherché à lui faire porter le chapeau des subprimes. L’affaire est en appel et la décision sera rendue le 24 octobre.

Dans l’affaire des subprimes, il est reproché à la banque d’avoir menti sur des caractéristiques des prêts auprès des ménages américains emprunteurs. La Société Générale est la seule banque française a être poursuivie par les autorités américaines, pour un montant d’1,3 milliard d’euros. Ça ne fait pas le compte de Kerviel mais ça donne une idée de la mentalité des dirigeants de la banque à la même période.

Que penser de Jérôme Kerviel ?

Suivant les énoncés du jugement de première instance, la presse a la dent dure. Le journal Marianne par exemple adopte la posture de chien de garde d’un système qui a permis le montage de la plus invraisemblable des bidouilleries informatiques. S’il avait fait gagné de l’argent, certainement que ces mêmes plaignants ne se seraient pas manifestés. La finance n’a de morale que si les banques gagnent. Ce n’est pas sans rappeler les procès en sorcellerie. En attendant, face à un avenir très incertain, la faillite personnelle semble être le seul recours à l’ancien trader.

Dans un contexte où il était déjà fortement question de moralisation du système capitaliste, de placer sous haute surveillance la spéculation sur l’argent, une fois que l’on a bien critiqué Kerviel, ses déclarations, son avocat, que penser de ce qu’il a fait ?

Un hacker ?

Jérôme Kerviel serait-il un hacker ? Personne ne semble contester qu’il n’a tiré aucun avantage. Il aurait conduit une opération pour le fun. Rien que pour cela et maintenant, il serait bien embarrassé pour s’expliquer. Un hacker sans discours, mais hacker malgré tout…

Pourtant, s’il sait s’y prendre, c’est probablement maintenant qu’il pourra tirer des avantages, en vendant ses mémoires de trader pirate pour un scénario sans grand suspens. Mais il apparait bien être qu’un instrument, pris dans un tourbillon, un engrenage. D’ailleurs, si sa défense est sans consistance, pitoyable même, incapable de relever les arguments fournis par la partie adverse, l’accusation elle-même ne s’y serait pas trompée.

Un bouc émissaire d’un système pervers ?

Dans son réquisitoire, le procureur de la république fourni les arguments qui permettraient de comprendre que Jérôme Kerviel ne serait pas responsable de ses actes. A priori, il s’agirait d’arguments qui condamnent, mais ils présentent l’accusé comme l’instrument d’un système pervers. Ils décrivent le milieu dans lequel a évolué Jérôme Kerviel, devenant une proie manipulée. Sa volonté aurait été prise dans le tourbillon hypnotique du serpent bancaire :

« On ne peut pas ignorer que les traders essaient de se mesurer entre eux, ni le milieu spécifique des salles des marchés. Jérôme Kerviel a succombé aux marchés, de manière obsessionnelle, à longueur de journée. »

L’accusateur public se rend-il compte qu’il fourni un argument à la défense ? C’est bien cela : succombé… de manière obsessionnelle. Comment imaginer pouvoir résister à cette attirance aussi violente ? Comment résister à une obsession ? C’est le procès de la tentation qui est fait, un procès religieux. Avec un peu de recul, on peut voir ici un montage sectaire, avec son système accusatoire et son bras armé d’un glaive. Le système bancaire porte le germe de ses tentations. Le procureur aurait pu dire la preuve de l’immoralité environnante, le système bancaire a bien fait les subprimes… Mais l’immoralité de l’un justifie-t-il l’immoralité de celui que l’on peut plus facilement poursuivre et détruire ?

D’ailleurs, à en croire cette accusation :

« tous les traders ne font pas des faux pour cacher leurs positions, tous ne prennent pas des positions ouvertes extravagantes (…) »

Tous les anges ne deviennent pas des démons. Dans cette immoralité ambiante, tout ne va pas si mal. Le système judiciaire vient au secours de l’institution bancaire. Elle trouve en lui les travers de l’irresponsabilité et en fait des arguments pour lui attribuer a contrario la responsabilité juridique :

« Ne minimisons pas son comportement pervers et manipulateur ».

Non, il ne le faut surtout pas : comportement pervers et manipulateur. Il ne manque que le bûcher. Enfin, l’accusation s’envole et déclare que :

« Si Jérôme Kerviel est victime de quelqu’un, ce n’est que de lui-même… »

Une victime peut-elle être responsable de sa situation, de sa condition et de ses actes réactionnels ? Les propos de l’accusation sont clairs et fournissent à eux seuls les éléments permettant de disqualifier tout le système dressé contre Jérôme Kerviel.

Arnaque gonflée à l’alcootest… Bientôt la désobéissance civile ?

Pour ne pas être en infraction, nous aurions besoin d’un alcootest en cas d’injonction faite par les représentants de l’ordre. Si nous ne le mettons pas à leur disposition, nous serons passible d’une amende de première classe. Bien sûr, il serait étonnant que la chose en reste là. Nous serons conduit au poste ou dans le fourgon où les représentants de l’État disposeront de quoi tester notre sobriété…

S’agit-il de nous protéger ?

La question que je me pose est “A qui profite le business ?” La précédente équipe présidentielle nous a déjà fait au moins un coup dans ce genre. En 2009, avec les vaccins contre la grippe H1N1, on sait que les amis de Roselyne Bachelot étaient derrière le comptoir. Le problème qu’ils ont tous rencontrés, c’est que peu de français ont accepté de se faire shooter. A posteriori, les crieurs continuent de brandir la menace : “Et si…” A ce compte là, on arrête tous. On ne sort plus, on ne … rien. L’alarme était infondée, il s’agissait d’une spéculation. La tentative de manipulation a échoué. D’évidence, le lobby des laboratoires pharmaceutique avait convaincu la ministre pour conduire tambours battants une campagne pour traire les gogos. Ca n’a pas marché. La dénonciation du système peu paraître brutale, mais la réalité était potentiellement criminelle. Personne ne sait encore dire les conséquences d’une telle médication à la va-vite.

Le professeur Debré a dénoncé à l’époque une escroquerie intellectuelle. Seulement intellectuelle ? Quand on sait que l’Etat a réglé la facture de la commande d’une quantité inutile de vaccins… Une escroquerie tout simplement. Ce quinquennat en a connu plusieurs et on veut restreindre encore les moyens au service de la solidarité ! Dans un pays en crise, les arnaques sont hallucinantes. Selon le Figaro du 6 juin 2010, l’affaire est estimée à 2,5 milliards d’euro.

Régulièrement, il existe des petits malins qui trouvent des systèmes pour faire payer pas beaucoup un maximum de gens. Le plus fort des carambouillages est certainement sur ce principe : prendre peu à beaucoup de gens. Personne ne devrait se plaindre. On nous a fait le coup de la santé et maintenant de la sécurité publique. Trop forts, les arnaqueurs ont réussi à faire passer leur système dans la loi.

D’évidence, un système similaire a été mis en place et dans quelques mois, nous apprendrons qui tire les marrons de cette arnaque aux ballons. Ne faut-il pas déjà penser à mettre en place la désobéissance civile …

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Le professeur Debré notamment :