Auteur: Jean-Louis Lascoux

Le Maroc, le grenier d’un clan

Dans un pays où le revenu annuel par habitant ne dépasse pas les 5000 dollars (chiffres 2009), la fortune du roi est évaluée à 7,5 milliards de dollars (sources Forbes – juillet 2009). Elle est devant celle de l’émir du Qatar et du Koweït. Dans un contexte de crise pour nombre de pays, la fortune du “roi des pauvres” a doublé en cinq ans. En 2008, la dette publique marocaine a augmenté de 10% pour atteindre 20% du PIB, soit 11, 9 milliards d’euros. Le classement Forbes a placé le fils d’Hassan II en tête des riches qui ont le plus augmenté leur fortune d’année en année. Simultanément, le nombre de pauvres est estimé entre 4,5 et 5 millions, soit plus d’un million de foyer.

Le salaire minimum légal  est de 5 euros, soit 55 dirhams, sans que les syndicats ne parviennent à faire respecter cette règle dans ce pays encore féodal. Au même moment le roi touche une rémunération plus élevée que celle du président des Etats Unis. Mohamed VI a fait adopter par son parlement un salaire mensuel de 40000 euros, non imposables comme les revenus de tous les domaines royaux, avec leurs productions agricoles.

Le capitalisme monarchique

Le montant des émoluments, pensions, salaires royaux s’élèvent à 2,5 millions d’euros, qui s’ajoutent à 31 millions d’euros pour les œuvres royales, sans contrôle de qui que ce soit. Il faut ajouter encore 70 millions pour le personnel au service du roi et de sa famille. Pour le parc automobile, il faut encore que le peuple marocain cotise de ses impôts pour que l’État verse au roi 6 millions d’euro. Pour habiller le roi, il faut que l’Etat sorte 2 millions d’euro. Le coût des animaux domestiques royaux est calculé pour un montant d’un million d’euro. Les déplacements et sorties royales sont chiffrées à 38 millions d’euro. Et pour que tout le monde qui accompagne le roi dans ses déplacements soit hébergé, la facture s’élève à 1, 8 million d’euro.

A comparer le budget de l’Elysée dans une période particulièrement dépensière, en 2009, sous Nicolas Sarkozy, qui avait plus que doubler ses revenus présidentiels et considérablement augmenté les dépenses, malgré tout cela, les dépenses du roi du Maroc ont été deux fois supérieures à celle du président français, soit 228 millions d’euros contre 112,6. Cette année là, le PNB du Maroc a été de 90 milliards de dollars tandis que celui de la France a été de 2750 milliards de dollars. Le rapport mondial sur le développement humain, de source onusienne, a classé le royaume chérifien 126ème sur 177 pays.

Depuis l’intronisation de Mohamed VI, fin 1999, l’économie marocaine s’est monarchisée. On s’attendait à de véritable progrès économique et sociaux, mais l’avidité a-t-elle eu raison des intentions initiales ? Où est passée la concurrence ? Elle semble régulée selon le principe d’un seul gagnant : le réseau royal. La formule économique mise en œuvre est que quand il y en  pour deux, c’est qu’il y en aura plus pour lui ; s’il y en a pour tous, c’est encore mieux pour le roi.

Comment faire de l’argent sur les plus pauvres ?

Exemple. Une application de la devise économique a été faite sur les logements sociaux. Le roi possède une trentaine de palais et n’y va jamais que dans deux ou trois, tandis que nombre de Marocain n’ont pas de logis.

Alors qu”il s’agit de répondre aux besoins élémentaires de la population la plus pauvre, la spéculation et la corruption gonflent les profits qui conduisent aux mêmes profiteurs et culmine en haut du minaret. La richesse du Maroc, c’est le grenier (makhzen) du roi. La solidarité affichée passe à la trappe de la voracité clanique. Téléphonie, immobilier, assurances, énergie, banques, transports, distribution, tout est destiné à n’appartenir qu’à ce roi qui joue de plus en plus seul sur son morocopoly. Il a inventé le capitalisme monarchique. Tout comme les droits humains sont passés au crible des calculs d’une rentabilité immédiate, la citoyenneté est une illusion. Les sujets du roi sont des serviteurs, des employés et des clients de l’entreprise royale. Ce monarque le plus absent de la scène politique est un businessman qui possède une entreprise personnelle : le Maroc. Le patriotisme des entrepreneurs et politiciens marocains est mesuré à leur capacité à servir les intérêts du trône alaouite.

Un modèle pire que les pays du printemps arabe ?

Tandis que le voisin Libyen s’est fait lyncher pour moins que ça, le pseudo-descendant de Mahomet spécule avec l’assentiment des politiciens français. Sarkozy et Chirac, ainsi qu’un grand nombre de leurs ministres, tous ont bénéficié des largesses du roi spoliateur, séjournant régulièrement dans des résidences complaisamment mises à leur disposition. Nicolas Sarkozy a ses habitudes dans les résidences chérifiennes. Après sa mise à l’écart par l’électorat français, il a pris refuge une nouvelle fois et pendant trois semaines, dans le pays holding du roi héritier.

Dans un pays où le pouvoir spirituel et la personnification de la morale sont concentrés chez la même personne qui détient les clés de l’économie, comment envisager sérieusement que la liberté puisse être garantie ?

Dans un pays où les règles de la concurrence sont soumises à l’envie et la jalousie du roi et de ses affidés, où l’esprit d’entreprise peut se heurter aux caprices des gens du palais, l’initiative vacille au gré d’une météorologie qui empêche tout investissement sérieux, pour les grandes et les petites entreprises.

Et ce pays obtient des crédits pour mettre en place et développer la libre décision : la médiation. ONG américaines, politiciens et financiers suisses, associations anglaises, un petit monde spéculateur se bouscule pour aider à la mise en place d’un système de médiation dont on sait déjà qu’il servira des intérêts bien entendus.

Peut-être que, prévoyant comme il est, ce monarque spéculateur, a-t-il prévu un parachute doré dans le cas où il serait débarqué…

La carte secrète de Nicolas Sarkozy pour rester à la présidence de la république

Les personnes qui m’entourent savent que je suis un chantre de la liberté. Une liberté qui puise sa légitimité au travers de la fugitivité de l’existence. Une liberté qui se pense dans une recherche constante de responsabilité sociale et d’engagement vers la promotion de l’égalité des droits. Je suis pour une organisation sociale respectueuse. Je me retrouve dans ce bien commun, un héritier et un transmetteur.

Faut-il aider Nicolas Sarkozy dans son projet ?

Les enjeux des élections présidentielles ne sont pas là où une grande partie des électeurs les placent. Ils pensent à leur situation, ils pensent à leurs conditions de vie et parfois à celles de leurs concitoyens. Chacun va concentrer une conception de la France dans un bulletin qu’il va offrir à un candidat. C’est un système démocratique qu’une partie de la population dénonce comme illusoire. Cette partie là, quoique souvent partisane et même engagée, ne prend pas le chemin des urnes. Elle refuse de s’impliquer dans une pratique  qui ne permet pas d’avoir une gouvernance de qualité. Leurs critiques sont quasiment les mêmes que celles des philosophes de l’antiquité grecque.

Le candidat Nicolas Sarkozy a demandé qu’on l’aide, lui. Il a répété que parce qu’on l’aiderait, nous aiderions la France. Il s’agit d’un cas typique de confusion identitaire très souvent observé chez les dirigeants Africains et ceux qui se positionnent comme pères d’une nation.

Le projet de Nicolas Sarkozy est un projet personnel, un jeu, pas un projet pour la France, pas un projet pour un peuple. Il a un projet égocentré, qui flatte l’élitisme. Il n’a pas une proposition de soutien aux plus démunis, or c’est le devoir des forts que de soutenir ceux qui se trouvent en position de faiblesse.

Ainsi, si vous vous voulez aller mieux dans votre vie, mettez ce qui est fort en vous au service de ce qui est faible en vous. Si vous renforcez vos points forts, vous négligez les points faibles qui doivent se débrouiller entre eux. Cette même loi vaut pour une organisation sociale : une société fonctionne bien quand le fort se met au service du faible. Il s’agit même d’une stratégie globale pour garantir des conditions de sécurité. L’autre pratique développe l’insécurité et c’est précisément celle choisie par Nicolas Sarkozy.

La mafia installée doit-elle rester au pouvoir ?

Nicolas Sarkozy a réussi à faire d’un parti politique un regroupement sectarisé dont l’objectif devrait relever de la Mivilude. Avec le programme de Nicolas Sarkozy, c’est ceux qui gagnent et ceux qui veulent gagner qui se regroupent pour gagner mieux, gagner plus, comme dans une grande arnaque pyramidale.

En 2012, avant d’aller déposer un bulletin, les affaires de corruption sortent des palais de Justice. L’entourage de Nicolas Sarkozy est condamné, en dépit de toutes les influences pour tenter de nettoyer les parquets. Il apparaît de plus en plus incertain que l’actuel président puisse échapper à des poursuites judiciaires s’il n’est pas réélu. Il devra chercher un pays qui ne fait pas d’extradition pour délit financier. Pour lui, le cadeau du week-end n’est pas de pouvoir diriger une politique de sauvetage d’un Etat duquel il participe à gérer la faillite depuis plus de dix ans.

Pour Nicolas Sarkozy le cadeau est le renouvellement de son immunité. C’est la condition pour qu’il n’ait pas a subir ce que Jacques Chirac lui a laissé comme cadeau avant de sombrer dans un tourbillon cérébral.

Pourquoi et comment détourner les attentions

Un étau judiciaire se resserre autour de lui pour des malversations dont les montants dépassent l’imagination des contribuables qui donnent leur confiance. Certains des proches de Nicolas Sarkozy sont en prison pour abus de faiblesse, d’autres ont été condamnés pour abus de biens sociaux. Un entourage très proche, fait de complicités diverses dont plusieurs ont bénéficié des distinctions républicaines continue de sévir. Les services personnels sont confondus avec les services à la nation. Les malversations sont honorées. D’autres comparses sont poursuivis pour avoir spéculés sur la santé de milliers de personnes. D’autres ont bénéficié des largesses financières volées sur les fonds publics. Les affaires sont nombreuses. Nicolas Sarkozy a besoin d’être réélu pour bénéficier de la protection associée au mandat présidentiel.

A voir tout cela, on pourrait se demander comment des électeurs peuvent conserver leur confiance à une personne qui s’inscrit dans la lignée d’Alexandre Stavisky, un escroc qui a conduit à des scandales aux multiples répercutions. Pour séduire et détourner les attentions, un programme politique d’agité habille le projet mafieux d’une bande scélérate.

Les ambitieux ne peuvent que se retrouver dans les espoirs jaillissant d’une corne remplie de paillettes. L’abondance est réservée à un cercle restreint de ceux qui se protègent mutuellement. Le vent des paroles bourdonne dans les oreilles et les naïfs pensent que des choses se fond tandis que les caisses sont vidées et qu’on leur dit de faire encore des efforts pour les remplir.

Agresser et se plaindre que c’est l’autre qui le fait

Ainsi, la première chose est de présenter un programme et de dire qu’il est bon mais pas compris. A cause de qui ? A cause de ceux qui ne savent pas l’expliquer alors que c’est leur travail. Ici il faut dénoncer les journalistes. Et c’est là que se cache la deuxième technique. Après le programme, la manière de parler.

Dire que l’on vient de haut et que l’on est si mal accueilli que le travail est rendu encore plus difficile. C’est un jeu dangereux, mais qui peut être flatteur quand on joue à l’élite qui descend voir le peuple.

En principal, c’est la technique de la plainte. Ce n’est pas tant la victimisation dont son contradicteur principal lui a fait le retour lors du débat télévisé de l’entre deux tours, c’est la technique de la plainte. La plainte pour attirer l’attention. Il sait que quelqu’un qui se plaint est plus écouté que celui qui est accusé et se mure dans le silence. Il sait que la plainte est porteuse de l’attention sécuritaire. Les coachs qui l’ont formé dans la fin des années 1980 alors qu’il faisait ses armes dans les hauts-de-Seine, lui ont enseigné les techniques sophistiques. Depuis, il s’est perfectionné…

La dernière carte pour conserver le pouvoir

Le Parisien du samedi 5 mai, rapporte la déclaration de Nicolas Sarkozy à ses partisans. Elle ressemble à une menace. Il saura quoi faire en cas de situation difficile : « N’ayez pas peur… Ça risque d’être une égalité parfaite, ce sera très très serré. Les résultats risquent d’être contestés, comme pour Bush en Floride. » Chacun sait que Bush a su comploter pour repasser. D’évidence Nicolas Sarkozy a préparé cette ultime carte. Il a prévenu jeudi soir à Toulon : « On aura la plus belle victoire qui soit : celle qu’on a refusé de nous donner et que nous avons imposé ! »

La ressource possible est simple. LePoint.fr rapporte les propos d’un ministre : « Il y a beaucoup de demandes de procuration. »

L’idéal serait en effet que les résultats ne puissent pas être garantis le dimanche soir. Si tel pouvait être le cas ou qu’un doute puisse être glissé, le tour pourra être joué.

Nicolas Sarkozy est un boulanger politique. Il devrait quand même se souvenir qu’en France, ceux qui se sont déguisés en boulanger ont été rattrapés

 

Sarkozy, 1er mai et inculture

Le 1er mai 1886, une manifestation est organisée par les syndicats ouvriers aux États Unis. Des centaines de milliers de personnes sont au rendez-vous. La revendication porte sur la journée de 8 heures.  Les syndicats se sont donnés deux ans pour obtenir gain de cause. La grève est en passe de devenir générale et de s’étendre dans le Monde. Le mouvement s’étend. Un changement est annoncé dans les pays industrialisés. C’est la fin du XIX° siècle. Le 3 mai, des manifestants sont tués par la police. Le 4 mai, une explosion fait un mort parmi les policiers et des affrontements meurtriers s’ensuivent. Au total, huit policiers sont tués. Huit anarchistes seront vite jugés et condamnés, trois à la prison à vie et cinq à mort. Sans preuve. Ils seront pendus, sauf l’un d’entre eux qui s’est suicidé pour empêcher sa pendaison.

En 1893, le procès est révisé. Le montage politico-policier est dénoncé. Albert Parsons, Adolph Fischer, George Engel, August Spies et Louis Lingg sont reconnus innocents. Les trois autres, Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden, sont graciés et libérés.

Le 1er mai 1891, en France, à Fourmies, dans le Nord, neuf morts et 30 blessés. La majorité des manifestants tués sont adolescents.

C’est en référence à ce jour historique de mai que le 1er mai a été retenu comme jour de revendication pour les syndicats ouvriers. Où va donc se nicher ce mélange d’inculture et de démagogie d’un ministre de l’intérieur devenu président de la république, impliqué dans tant de magouilles financières, pour venir s’afficher un 1er mai ? Et de plus en venant affirmer son alliance avec un Front National qui depuis sa création oscille entre le nazisme et le fascisme…

Qu’y-a-t-il de commun, sur le plan social et politique entre ce mouvement revendicateur et celui d’un leader de droite offrant 450 millions d’euro à un trafiquant de la finance ? Il est trop facile d’en rajouter.

Aussi que Nicolas Sarkozy envisage de récupérer les mouvements du 1er mai et la démagogie accompagnée de fourberie et de duplicité est au rendez-vous. Mais peut-être en réalité, l’étalage d’inculture dont il a témoigné pendant ce quinquennat suffit-il a expliquer cette ultime tentative de récupération…

L’ignorance crasse ne peut que produire une succession de maladresses.

 

La couleur des sentiments

Le titre de cette œuvre renvoie aux tressaillements multiformes que nous avons tant de mal à maîtriser. Souvent tenus par la laisse des règles sociales, les sentiments puisent leur force dans nos émotions. Nous les subissons aussi sûrement qu’ils nous agissent. Mais ils sont également générés par nos dissensions internes, nos a priori, nos préjugés, nos retenues, nos non-dits quelles qu’en soient les tournures, nos attirances ou nos rejets.

Le cinéma américains nous a habitué à ces effets sur les glandes lacrymales. Dans la Couleur des sentiments, le jeu nous expédie au début de la télévision. Les appareils ménagers viennent juste de faire leur apparition. La ménagère se fait offrir un aspirateur à son anniversaire. Ce sont les débuts de la robotique. Au pays des exécutions par électrocution et injection létale, les bonnes sont encore noires, mal payées. La discrimination bat son plein au Far West.

Pourtant, face à ces situations que le bon ton réprouve désormais, le mérite revient à une jeune blanche dont la conscience flirte avec la rancœur.Encore une histoire brodée sur le” style Avatar. Si le monde va mal, malgré tout il sera sauvé par l’esprit américain. Tout n’est pas perdu, au contraire. La morale américaine sera la dernière, mais elle sera sauvée.

Revenons à la ra rancœur. La rancœur, parce que la mère de la jeune femme a renvoyé la vieille nounou noire, la rejetant sans plus de considération. Ce n’est donc pas une rancune, ni un remord, mais une rancœur qui sera la véritable héroïne de l’ouvrage et du film éponyme. Car la rancœur est bien ce sentiment qui fait ressentir un malaise lorsqu’on pense à une personne qui aurait selon nous profité de sa position dominante sans que la victime ne puisse pas même réagir. C’est un sentiment fait d’empathie et de sympathie, ou simplement de solidarité. Mais il est aussi fortement emprunt d’un regret de n’avoir pu soi-même être là pour empêcher l’action que nous jugeons injuste.

Ainsi se distingue trois types de regrets, pour autant de conflit en soi :

  • le remord qui est ce sentiment de n’avoir pas fait quelque chose ou au contraire d’avoir fait une chose que nous regrettons ;
  • la rancune qui est ce sentiment que quelqu’un nous a fait ou pas une chose que nous regrettons d’avoir subi sans plus nous affirmé ou pouvoir le faire ;
  • et la rancœur qui est ce sentiment et chargé d’amertume envers une personne, pour ne pas avoir pu l’affronter lorsqu’elle a fait quelque chose (ou pas) à l’égard d’une autre pour qui nous éprouvons de la sympathie.

Tout le film tient dans la mise en scène de la rancœur. Le conflit interne de la jeune femme a un effet puissant. Maîtrisé, il devient un révélateur de l’absurdité sociétale.

Finalement, sans le paraître, il s’agit d’un film d’action, puisqu’il narre comment, par de micros actions, une société peut être conduite à des changements profonds.

The Artist – un film politiquement engagé, muet, à regarder les yeux bandés

La télévision a servi quantité d’émissions sur son propre sujet. Des sociétés de production ont élaboré des programmes sur l’histoire de la télé, les gens de la télé, les enfants des gens de la télé, les critiques de la télé. La complaisance, l’autosatisfaction, et les congratulations entre animateurs ont toujours été au rendez-vous cathodique. Le cinéma, lui, semblait menacé. Il était promis à disparaître avec toutes les chaînes du petit écran et puis non. Et il devait être mis à mal avec les DVD, et puis non. Les devins avaient annoncé le pire avec l’apparition d’internet. La télé et le ciné devaient couler. Et puis non.

Tout a commencé avec une image animée et des sous-titres. De grands coups de gong, un pianiste qui jouait au marteau. C’était le début du cinéma. Il était muet. Vous vous souvenez. Parmi les plus anciens, on a tous vu Charly Chaplin, ou Laurel et Hardy… Il y avait aussi une fille aux grands yeux qui jouait le rôle sois belle et tais toi.

En 2012, un film français, insistons, avec un titre anglais qu’on comprend sans mal, est consacré à Hollywood. La presse française tonne la fierté. Une goutte de nostalgie aurait rempli l’encrier de la critique. Michel Hazanavicius, le scénariste, aurait-il farfouillé dans l’ADN du cinéma pour nous entraîner dans le monde de la bobine ? Le film est en noir et blanc, dans un style petite moustache et robe à frou-frou des années 1930.

Dans les périodes de crise, le monde des paillettes anime la légèreté. Le romantisme sert le scénario avec son moment dramatique. Il ne faudrait voir que cela, comme s’il ne fallait surtout pas regarder l’implicite. L’histoire fonctionne sur une routine américaine. Le film reprend la trame du film musical américain Une Etoile est née primée en 1937 : un film avec plein de clichés qui fonctionne avec des longueurs. Adieu le film célébré comme une œuvre française. Un homme, une femme, un chien, un policier un peu lourd, mais courageux sauveteur, une mémère qui ne frappe pas de son parapluie sur le policier. Le premier est égocentrique, pyromane et alcoolo dans ses moments de déprime. La seconde est dévouée, jolie et attentionnée. Elle aime mais ne le sait pas vraiment et lui non plus. Elle fait son petit bout de femme de chemin. Lui, c’est un coincé du changement, un inadapté de l’évolution technologique, mais au combien sympathique. Elle, c’est un rire cristallin. Et puis il ne faut pas oublier le chauffeur. Il ne faudrait pas regarder l’implicite. Le fidèle employé qui n’a d’ambition que celle de rester fidèle à son patron. Comme le chien à son maître. Le même. Un film qui fonctionne, avec des clichés qu’il fait bon de sortir dans une période de crises.

Tout va bien, c’est Hollywood qui consacre le scénario de la vie publique. Il s’agit d’un film d’un libéralisme politique et économique qui ne peut que faire plaisir aux chantres d’un capitalisme irrespectueux. La solidarité est absente dans le modèle social trimbalé dans ce film. Lorsque l’Artist sombre, plus personne n’est là. Tout le monde est navré. Il est fini. La solidarité est la grande absente. Le patron doit chasser son valet pour le libérer de sa dépendance. Ha, ces salariés avec leur mentalité d’esclave ! D’une morale douteuse, le bon patron compense l’année sans salaire par un licenciement indemnisé avec la belle voiture. Heureusement, dans ce monde d’adversité, d’abandon, d’indifférence, il y a l’amour. Une femme amoureuse. Une femme moderne, entreprenante, fidèle, attentionnée. La Femme. Les ingrédients sont là, difficiles à critiquer, mais bien méprisants pour ce qui fonde le ciment social. On est en Amérique : chacun pour soi et compte sur la chance, pas sur le contrat social. Ce n’est pas le sujet. On est ici dans la légèreté. Il ne faut surtout pas regarder l’implicite. Muet, ce film est à regarder les yeux bandés.

Marine Lepen sur les chemins de la reconversion

Voter Marine Lepen ? L’extrême droite française va devoir se trouver un autre leader. L’héritière du Front National a essuyé deux salves médiatiques en peu de jours. D’abord Nicolas Bedos a sorti son verbe acerbe, de type potache, jonglant avec un style Stéphane Berne et un ton à la Stéphane Guillon.

Le sourire amical que, sur le registre enfants de célébrités, le fils Bedos s’est appliqué à attribuer à la fille Lepen s’est successivement pincé et outré. Les saillies se succédaient en litanie délirante. Au final, la proposition imaginaire qu’il lui a faite, en qualifiant son physique de passablement passable, était plus du secours que de l’indécence.

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Puis, ce n’était pas une première, ce fut Jean-Luc Mélenchon qui s’amusa de Marine Lepen.

Si l’occasion médiatique a été mal exploitée, par l’un et par l’autre en période de débat d’idées, la navrance a été au rendez-vous.

D’évidence, Jean-Luc Mélenchon ne pourra rien retirer de cette émission. Concernant Marine Lepen, paradoxe des limites de conscience de la chef du parti paternel, elle s’est montrée en quête de reconnaissance de celui qu’elle dénonçait. Elle attendait des excuses tout en se hissant sur le monticule illusoire des sondages pour mépriser son interlocuteur. Certes, moins qu’ailleurs en politique, le ridicule ne tue pas.

Marine va devoir penser à une reconversion. La contestation ne manquera pas de s’élever, plus haut encore que la voix actuellement inaudible de Carl Lang, après les élections, ce qui va entraîner pour tous ces politiques un retour à une réalité moins médiatique. Les acteurs de cette comédie seront bien moins sollicités et, par conséquent, la survie de leur leadership sera sous forte perfusion de capacité d’influence.

Nicolas Bedos pourrait bien avoir raison sur un point : Marine Lepen est plus banale que son père, et les raisons de voter pour elle sont aussi peu probantes que pour lui. Mais celui qui pourrait la remplacer ne serait-il pas plus fanatique, devant affirmer plus fortement et vertement son leadership ? A voir…

Il reste à Marine Lepen de revenir au barreau de Paris, où elle pourra exercer tranquillement sa profession d’avocate.

Referendun sur le chômage : salauds de pauvres !

Le discours selon lequel si le pays va mal, ça serait de la faute aux immigrés et aux chômeurs est une rengaine digne du film de Claude Autant Lara, La traversée de Paris, qui faisait pester les trafiquants contre “ces salauds de pauvres”. Ceux qui trafiquent les influences comme l’équipée Bourvil et Gabin trafiquait la charcuterie, crient d’autant plus fort qu’ils veulent détourner l’attention. L’exercice a déjà été fait par Laurent Wauquiez avec sa tirade sur le RSA. Juppé, dont chacun connait l’intégrité, avait lui-même lancé une offensive contre les bénéficiaires du RMI. Xavier Bertrand a ajouté à la copie. Nicolas Sarkozy a repris le sujet, oublieux des affaires qui l’entourent, pour s’en prendre à ceux qui volent les Français. C’est une stratégie connue dans les rapports conflictuels. Les professionnels ne tombent pas dans ce piège. Mais la plupart des gens se font berner : celui qui crie fort attire l’attention et l’autre étant pétrifié, il poursuit son discours accusateur qui détourne les regards de ses propres méfaits. Les bonimenteurs de foire usaient de ce stratagème, ainsi que les joueurs de bonneteau. Ainsi en va-t-il de cette proposition de referendum concernant les demandeurs d’emploi.

Un referendum liberticide

Il paraîtrait que plus de 60 % des français y seraient favorables. Mais à ce que je pointe ci-dessus, s’ajoute le fait qu’il s’agit d’une mesure liberticide. Facile de dire qu’il y a des personnes qui profitent d’un système. Facile quand on est au pouvoir et que l’on a profité de nombre d’abus de bien sociaux, de détournements financiers, de financements illicites pour se faire élire et se maintenir aux postes du pouvoir. L’anneau de Gygé circule chez les héritiers du cercle Pasqua.

Il s’agirait d’une atteinte grave à la liberté et au droit à la protection sociale. Ce type de mesure est totalement démagogique. Commençons par taxer les bénéfices inadmissibles des sociétés de téléphonie, de l’eau, de l’électricité, du gaz… Faisons revenir l’argent des services abusivement privatisés. Faisons revenir l’argent des banques. Les caisses de l’Etat se réapprovisionneront et la solidarité nationale avec les personnes en difficulté ne sera pas à remettre en cause.

 

 

 

Inculture et égocentrisme de campagne

Voici quelques jours Claude Guéant a fait un étalage d’inculture dans sa conception de la civilisation. Dans le creux de son cynisme, il a exhibé une xénophobie de circonstance en vue des élections présidentielles. Dans la foulée, le président sortant, Nicolas Sarkozy, affiche son autosuffisance à la une des kiosques à journaux, sur les publicités de son journal de campagne, le Figaro.

Faut-il être imbu pour ne pas constater le sens de ce que l’on communique dans une pareille perspective ? Le candidat président qui fait campagne sans se déclarer si bien qu’il fait payer ses interventions aux contribuables, affiche une position physique des plus prétentieuses. Voyons cela. Si l’on adopte la position du penseur de Rodin, inévitablement, la posture nous impose une orientation de la pensée vers le sens de la vie, voire sa finalité. Prenons celle que présente Nicolas Sarkozy et immédiatement l’idée qui s’impose en soi est l’auto-référence. La personne dans cette position ne pense pas aux autres. Elle ne pense qu’à elle. Elle a introduit son pouce droit dans sa main gauche. Un compte à peine caché. Mais quoi qu’il en soit, pour elle, il n’y a qu’elle qui compte. Elle compte : un. Sans aucun doute, son compte est bon. Pourrait-il être meilleur ? A voir si d’autres s’en charge, mais elle se présente, ne laissant en réalité aucun autre choix : c’est elle qui décide. Elle montre une position de retrait vis-à-vis d’autrui. Personne d’autre ne compte pour elle. C’est elle qui dit. Elle qui raconte, quitte à se la raconter, car cette position est bien moins une marque d’introspection que d’une assurance d’autosuffisance.

Ainsi, l’affiche est plus claire que les mots qui l’accompagnent. Ce n’est toujours pas un programme politique pour les autres qui est proposé par Nicolas Sarkozy. C’est un programme selon sa conception des choses. Il ne tient pas compte de la réalité de ceux qui sont susceptibles d’attendre quelque chose de la direction du pays.

A suivre donc ce nouveau conte de campagne…

 

La race des humains…

Une pièce de théâtre se joue en ce moment à la Comédie des Champs Élysées à Paris, Race. Elle met en scène une préoccupation typiquement américaine du rapport à la couleur de la peau, avec les jeux d’autorité, de position sociale et de tendance à contrecarrer les habitudes de conception.

Un jour viendra le tour des oubliés de ces discussions : les descendants des indiens autochtones… Pour l’instant, on aborde les questions qui sont finalement les plus faciles.

La pièce Race tendrait à faire réfléchir. Présentée comme ayant une thématique transversale, son propos s’appliquerait à toutes les formes de discrimination. Encore faut-il qu’elle rencontre le bon public. Rencontrer des personnes convaincues est un minimum pour faire un peu recette. Vu l’esthétique de Sara Martins, elle peut déjà rencontrer un premier public…

Le sujet est dans la ligne de la controverse de Valladolid et de 12 hommes en colère.

 

Voter Marine Lepen, un choix en 19 points !

Voici les principales lignes du catéchisme pour convaincre les personnes que vous souhaitez emballer dans le soutien à Marine Lepen.

Oui, Marine a les 500 signatures. Elle les a depuis longtemps. Il ne faut quand même pas exagérer, une élection présidentielle ça ne se prépare pas la veille. Surtout après la baffe de 1981 où les 500 signatures n’y étaient pas. C’est pour faire du bruit médiatique qu’elle utilise cet argument. Choisir de voter Marine Lepen, c’est voter pour des mensonges stratégiques pour accéder au pouvoir. Il faut ce qu’il faut. Voter Marine, c’est être sensibilisé aux situations d’insécurité. Il ne s’agit pas d’un simple discours, la peur est là. Il est vrai que les partis de droite gouvernementale traitent abondamment ce sujet, avec l’ancien ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, devenu président de la république. Mais son échec est global. Total.  Flagrant. Se rapprocher du Front National, c’est avoir entendu la thèse défendue depuis longtemps par le père de Marine.

Il est donc urgent de savoir ce qu’il pourrait se passer si Marine Lepen arrivait au pouvoir, sachant qu’en plus son père aurait une place de choix. On peut envisager notamment que, selon ce qui est clairement dit par Marine Lepen et ce qui est implicite :

  1. Le ministère créée par Nicolas Sarkozy sur l’Identité nationale deviendrait le ministère des expulsions massives.
  2. Le ministère de l’Intérieur dirigerait un nombre plus important de policiers, avec un budget de 9 milliards d’euro pour la rémunération des nouvelles forces de police
  3. L’administration pénitentiaire serait en passe de devenir l’un des premiers employeurs de France, avec une prévision de 40.000 détenus en plus, c’est dire que la délinquance est prévue, avec ce programme politique, en forte augmentation, avec une dotation nécessaire d’environ 8 milliards d’euro, soit quelques 45 milliards de francs…
  4. Renforcement de tous les systèmes de contrôle des personnes. Des caméras partout, des obligations de rendre des comptes à tout moment, sans autre justification que la demande d’un policier
  5. Une sécurité renforcée et soutenue : des possibilités de garde-à-vue étendue, selon les soupçons avérés ou non d’un policier, pour la seule raison de la prévention d’un trouble à l’ordre public ou d’une aide potentielle à un immigré
  6. L’armée obligatoire serait rétablie, sur deux ans, sans solde pendant une année, permettant ainsi de faire baisser le chômage des jeunes
  7. La guillotine reprendrait du service, créant au moins trois emplois en CDI
  8. La France sortirait de la Communauté Européenne, isolée comme jamais du reste du monde, mais militarisée et policée comme jamais non plus.
  9. L’euro serait abandonné
  10. L’assemblée nationale serait dissoute et peut-être y aurait-il d’autres élections. C’est-à voir…
  11. Les frontières rejailliraient autour de la France, fermant l’hexagone à une Europe qu’elle a fortement contribué a créer
  12. L’insécurité inter étatique reviendrait à l’ordre du jour en raison de l’esprit d’adversité qui se substituerait logiquement à celui de solidarité implicite développé par l’esprit européen
  13. Un projet d’entrer en guerre ouverte, avec un nouveau porte avion nucléaire, sachant qu’une bonne guerre, avec le nombre de victimes et de dégâts causés, ça a toujours permis de relever l’économie. Et la raison déclarée : “Un seul (porte avion) ça ne sert strictement à rien. C’est comme s’il y en avait zéro.
  14. Les services associés à l’immigration seraient affectés à des missions de surveillances et de traitement des délations
  15. Les commissariats seraient dépassés par le traitement des expulsions
  16. Les centres de rétention déjà très surpeuplés devraient ouvrir d’autres lieux et engager d’autres personnels, ce qui serait créateur d’emploi, grâce à cette politique répressive globale
  17. L’insécurité augmenterait par la peur qui serait entretenue auprès d’une population déjà en difficulté
  18. Un bouleversement aurait lieu dans les entreprises du secteur automobile, de la métallurgie, du bâtiment et des services industriels en raison des expulsions du personnel immigrés et de l’absence de personnel français en situations et conditions de pouvoir reprendre les postes
  19. Une bonne dictature serait mise en place pour accélérer le déclin qui a toujours été le lot des régimes forts.

Voilà, vous avez de quoi argumenter pour envisager de vous réveiller au son des bottes et des cris des expulsions massives enfin d’actualité.