Physique

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Si vous avez été ministre de l’intérieur ou pas, la décision judiciaire…

S’il s’agissait d’une loterie, Charles Pasqua pourrait se vanter d’avoir fait un meilleur tirage dans le jeu judiciaire en appel que lors du procès en première instance. D’abord condamné à un an de prison ferme, voilà Charles Pasqua relaxé.

Ainsi, l’homme qui a probablement été entendu par le plus grand nombre de juges d’instruction au cours de sa carrière politique et qui ne pouvait que vouloir la disparition de ce corps judiciaire, s’en tire bien. Encore une fois. Mais à quel prix. A celui d’une mascarade judiciaire, face à une destruction des preuves, qui en vient à attribuer un statut de mandataire d’État aux trafiquants d’armes. Au prix d’une décision judiciaire qui se transforme en dénonciation d’une hypothétique magouille politicienne.

Fort de cette nouvelle situation, l’idée d’attaquer tout le monde séduit Charles Pasqua. Du haut de ses 84 ans et un nombre invraisemblable de casseroles, il semble bien remonté contre certains de ses anciens amis qui l’auraient lâché : Alain Juppé, Hervé de Charette, Charles Millon, Dominique de Villepin et consorts (faut-il y voir le nom de Jacques Chirac ?). L’ancien ministre de l’intérieur reste amer de n’avoir pu se hisser au sommet de l’État. Il avait imaginé en 2002, se présenter à la présidence de la république.

Tout un monde qui s’habitue bien à brûler les planches du théâtre judiciaire. L’inventeur de Guignol y aurait trouvé beaucoup d’inspiration.

Depuis sa dernière relaxe, Charles Pasqua, le verbe toujours plus haut, champion de la surenchère grand-guignolesque, envisage aussi de mettre en cause la responsabilité des juges, ceux qui ont conduit l’instruction de l’affaire et le procès en première instance. Il en veut particulièrement au magistrat instructeur, Philippe Courroye, et à Jean-Baptiste Parlos qui a prononcé le verdict le condamnant à un an de prison ferme.

Mais ne devra-t-il pas passer par la case “on gobe et on se tait” au regard des jeux d’influence qui ont permis d’aboutir à ce résultat quasi inespéré en dernière minute.

Pour le moment, Pasqua semble croire qu’il détient un billet de loterie à indemnisation. Ne va-t-il pas toucher en plus une indemnité, à la façon Bernard Tapie ? Comme il a obtenu ce qu’il a voulu ici, pourquoi n’obtiendrait-il pas ce qu’il veut là ?

On attend maintenant le résultat du procès Clearstream qui a entrainé dans ses tourbillons Dominique de Villepin en laissant sur la touche le Président qu’un témoin est venu présenter comme l’instigateur.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y en a qui savent faire rebondir le système judiciaire qui yoyotte avec ses décisions.

L’indécente polémique sur le Revenu de Solidarité Active

Les propos tenus par un membre du gouvernement, Laurent Wauquiez, sur le RSA, auraient-ils interpellé l’ancien médiateur de la République ? Si, à son habitude, il n’aurait rien dit, à l’occasion de son rapport annuel, il aurait rappelé les difficultés des administrés à pouvoir obtenir le respect de leurs droits par l’administration et surtout, à être respectés par une classe politique, qui plus est au gouvernement, dont l’indécence va jusqu’à polémiquer sur les misérables ressources des plus nécessiteux d’entre nous.

En tant qu’autorité indépendante, il n’aurait pas souligné que ces mêmes politiques émargent largement, voire sans compter, sur les budgets de l’État. Il n’aurait rien dit sur le fait que certaines dépenses éthiquement injustifiables suffiraient à combler de nombreux trous.

Mais le propos du porte parole des administrés aurait fait penser qu’il n’aurait pas oublier le discours d’un politicien opportuniste. Il aurait attiré l’attention sur le fait que ce n’est pas la démagogie qui favorise la paix sociale. Il aurait usé du même ton pour dire que la démagogie n’est pas un moyen pour promouvoir l’égalité des droits et le devoir de solidarité qui font parties de notre conception de l’organisation sociale, quand bien même certains dirigeants et aspirants au pouvoir tendent à l’oublier.

Pour faire parler de ses actions peu probantes, l’équipe gouvernementale a-t-elle trouvé une astuce en créant des polémiques internes ? Habileté douteuse. Il n’est pas sûr que ce soit efficace et ne risque pas de se retourner contre les déclencheurs… Plus précisément concernant le RSA, Laurent Wauquiez en voudrait-il ? D’évidence, le RSA est très compliqué à obtenir. Que personne n’hésite à consulter le site officiel. Il serait bon de pouvoir vérifier si vraiment les 3,5 millions de personnes susceptibles d’y avoir droit ont réussi à l’obtenir.

Quant à la fonction de médiateur de la république, elle a été fondue avec plein d’autres. Pour l’instant, il n’y a toujours personne pour protéger les administrés et porter leur parole. Il reste des services administratifs qui voguent comme ils peuvent…

Allez, on peut toujours discutailler de la situation des plus pauvres en disant qu’ils profitent quand même bien. On peut  pousser l’absurde plus loin, en taxant le RSA pour l’autofinancer…

Je n’accepterai pas la fonction de défenseur des droits

Non, je ne peux pas accepter la fonction de défenseur des droits. Cette super autorité, instituée par l’article 71-1 de la Constitution, se fragilise par son étendue. Il est invraisemblable d’avoir tout mélangé. Certes, le médiateur de la république est bien mieux nommé en défenseur des droits. J’en avais pris le parti voici longtemps, ne serait-ce que pour clarifier l’usage du terme de médiateur. Dans l’ouvrage particulièrement référencé que j’ai dirigé avec Agnès Tavel, Code de la Médiation, recueil des textes sur la médiation officielle, et feuille de route pour son orientation, nous avions souligné que le rôle de cette autorité était plus de la défense des droits que de la médiation. Ce changement ne peut que nous convenir. Il me convient. Malheureusement, je lis sur le site même du gouvernement qu’il n’y a rien de changé. En réalité, le défenseur des droits est un médiateur unique au service de tous les citoyens. A croire que le gouvernement serait le premier lieu de travail de l’épouse du président, partie en lutte contre l’illettrisme. Médiateur n’est pas défenseur ! Avec cette confusion, je ne peux pas accepter la fonction qui est pourtant disponible et les candidats vaillants ne sont pas pléthores.

Non, ni je ne souhaite ni je ne répondrai favorablement à la proposition d’être défenseur des droits. Ce qui devait être intégré dans ses attributions ne l’est pas et ce qui n’était pas souhaitable qui le soit l’est. C’est une pagaille dans laquelle les anciens délégués du médiateur de la république ne vont pas plus s’y retrouver que l’institution parisienne elle-même. Au lieu d’être un interlocuteur facilitateur pour les administrés, cette nouvelle administration kafkaïenne va larguer les plaignants. Sa lisibilité est brouillée. Pourtant le dernier rapport de Jean-Paul Delevoye a été clair. Le propos a été une véritable remontrance au pouvoir politique et à l’ensemble du gouvernement, de la présidence au dernier des conseillers ministériels : le pouvoir politique détourne l’administration de son rôle. Sa voix a portée dans le vide. Il reste des échos qui ne franchissent pas les enceintes ministérielles. Rien ne va dans ce grand foutoir. Il faut repenser le management. Les personnes doivent redevenir la priorité des administrations. Celles-ci doivent avoir une loi : le service public et non pas imposer des lois de fonctionnement aux citoyens.

Les quatre autorités regroupées sont les suivantes : Médiateur de la République, Défenseur des enfants, Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Et pas le Contrôleur général des lieux de privation de liberté. On y a mélangé le public et le privé. Bon courage pour les retraités de l’administration qui se dévouent bénévolement pour que l’Office central fonctionne… Mais quid des services publics qui ont été privatisés et qui échappent malgré tout à cette autorité au rôle salvateur ? Où donc va aller se cacher l’indépendance ? Je me souviens d’avoir lu dans Rue 89 un article qui citait la défenseur des enfants : « D’une manière générale », Claire Brisset a senti que son autorité et son indépendance étaient respectées, même quand elle critiquait les premiers placements d’enfants en zone de rétention. Seul accrochage, avec les présidents de conseils généraux sur sa critique de l’aide sociale à l’enfance : « Ils ont menacé de me couper mon budget », raconte-t-elle. Cette réflexion aurait pu inspirer de vérité le médiateur de la république qui n’a guère dénoncé les centres de rétention.

Non, décidément, malgré la garantie d’une retraite dorée, je n’en veux pas. Il est improbable que les administrés soient bien servis. Il convient cependant que j’en vienne à un peu plus de réalisme : le plan appartient à Jack Lang. Il s’est fait son poste, en échange de sa voix, en temps et en heure. C’est maintenant que le retour doit se vérifier. Jack est en bonne relation avec l’occupant de l’Élysée. C’est une des conditions. Contrairement à ce qui était prévu par la commission qui a initié cette réforme, le défenseur des droits est choisi par le président de la république, non  élu à la majorité des trois cinquièmes par les députés. Ceux-ci ne disposent que d’un droit de veto. L’affaire semble vue d’avance. Les mutins risquent de se compter sur les sièges de l’Assemblée Nationale. A moins que la pression des rangs de la majorité contre la politique d’ouverture à gauche fasse son œuvre ? Alors ce serait, ainsi que le pronostique Le Monde, Francoise de Panafieu qui obtiendrait le poste. Contre vents et marées, malgré l’indicateur sur Marine Lepen, Nicolas Sarkozy n’est pourtant pas, quant à lui, homme à s’en laisser conter…

Bref, selon toute vraisemblance, la place n’est pas destinée à un plus jeune que ça…

Niqab pour masquer la débauche politicienne

La force d’un politicien est de parvenir à attirer les média à traiter du sujet qu’il considère comme important. Pendant ce temps, les autres sujets et questions gênantes deviennent secondaires. Habile et minable à la fois. On a vu la guerre civile devenue internationale, en Libye. Une quasi guerre mondiale contre le chef bédouin. Il n’y a rien eu de plus urgent que d’aller en guerre contre ce dictateur bling-bling reçu en grandes pompes la veille à peine par un Nicolas Sarkozy irrespectueux des voix du peuples libyen et français scandalisées. Depuis le début de cette présidence française, l’usage du niqab semble être devenu une banalité politique.

On voit ce même phénomène de cache-nez, avec la présence faussement modeste d’une armée française boutant Gbagbo le dictateur ivoirien pour le remplacer par Ouattara le chef de guerre adoubé par le FMI et de la France nostalgique des colonies.

De manière à peine masquée, la France est en guerre. Le masque est la permission de l’ONU. On a le droit de tuer, de balancer des bombes, de faire des bavures. Ne soyons pas cynique, on fait travailler l’industrie de l’armement. Pour la morale, on dénonce les comportements indignes des autres, comme si la guerre avait quelque chose de digne. Comme si un chef d’État pouvait s’enorgueillir d’avoir inscrit une guerre dans son mandat. Déplorable.

Sous ces couverts, le débat sur la laïcité ayant fait un flop, il reste cette loi lamentable sur l’interdiction de porter des voiles sur la totalité du corps jusqu’à cacher le visage. Au moins, on saura que porter une cagoule devant une banque pourrait constituer une première infraction. Le législateur a fait fort de se mobiliser pour mettre en place ce genre de dispositif qui embarrasse plus les forces de police que ne les dote des moyens dont elles peuvent avoir besoin. Elles se trouvent en effet plutôt démunies quand il s’agit de combattre une authentique délinquance, comme celle portant sur les détournements de fonds publics, les ententes illicites et autres abus de biens sociaux dont un ancien chef de l’État s’est rendu coupable avec nombre de personnes qui continue de sévir.

On sait maintenant que nos députés ont bravé tous les risques moraux pour aboutir à mobiliser les forces de l’ordre public et arrêter enfin deux individus. Deux femmes coupables de prendre leur engagement religieux pour un devoir de jouer aux ombres dans les rues et sur les routes de France. Merci à tous ces imbéciles. Les braves citoyens avaient eu peur. Arrêtées, ces femmes devenues délinquantes par la magie de l’hémicycle ont accepté de se dévoiler devant l’insistance de la force publique.

Illustrations avec des extraits de Commons et d’une Galerie de L’express

Tapie, les modes alternatifs de résolution des litiges à l’index

Un député, Charles de Courson, est devenu l’un des pourfendeurs de l’arbitrage, en tant que mode alternatif de résolution des litiges. Il a pour cible celui qui est intervenu dans l’affaire Tapie, avec une sortie de caisse de l’État  de quasiment 400 millions €, avec 40 millions d’€ pour un préjudice moral au bénéfice des époux Tapie.  Mais avec l’arbitrage, la médiation promue par l’Europe dans le milieu des affaires commerciales pourrait être mise dans le même sac. En effet, Christine Lagarde, avocate en poste de ministre, mise en cause dans cette affaire, a reçu un prix de la médiation par l’association des médiateurs européens créée et tenue par des avocats du barreau de Paris.

Un arbitrage contesté avant et après coût…

On se rappelle que Bernard Tapie a plus plaidé sa cause devant les média que ses avocats devant les tribunaux. L’affaire était juteuse. Le verbe était haut. Les plaintes semblaient terribles. Les dommages épouvantables. Les préjudices incalculables. Tout cela pour une seule personne coincée une fois de manière tapageuse, avec à son actif, une démission d’un poste ministériel, et un mensonge en bande organisée. Dans un imbroglio savamment orchestré, l’affaire Tapie ne faisait que continuer. Elle s’embourbe désormais au détriment des contribuables.

Une décennie d’affrontement judiciaire, de médiation (cf. le très arrangeant feu Jean-François Burgelin) et de nouvelles propositions de médiation par le président de la république : “En 1993, alors qu’il était ministre du Budget, Sarkozy avait accordé à Tapie l’étalement des dettes de l’Olympique de Marseille sur plusieurs années. En 2004, alors ministre de l’Économie, il avait pris le contre-pied de ses prédécesseurs en acceptant une médiation, finalement infructueuse, entre l’État et Tapie dans l’affaire Adidas. En juillet dernier, c’est le chef de l’État en personne qui aurait sommé Bercy d’entériner la sentence d’arbitrage attribuant 400 millions d’euros à Tapie. “ (Source Capital du 28 nov. 2008).

Coup de théâtre avec l’interruption des procédures en cours, qui mettaient Bernard Tapie en très mauvaise posture par rapport à ses réclamations, et le recours à un collège arbitral. L’idée est sortie juste avant le tocsin. Les fantasmes financiers de Bernard Tapie se sont vus réalisés grâce à un jury d’apparence légale, en application de l’article 1460 du CPC. Une légalité contestée après coup par la Cour des comptes. Mais sans Christine Lagarde – et d’aucun soupçonne que cette décision ne peut revenir qu’à un autre avocat, Nicolas Sarkozy, actuel président de la république – il n’aurait pas pu être mis en place.

L’arbitrage, vite fait

Mais comment ce collège d’arbitres a-t-il pu se substituer aux juges ? La chose est simple. Dans les affaires civiles et commerciales, il suffit que les parties prévoient une clause dans leur contrat, ou se mettent d’accord après, même en cour de procès. Dans l’affaire Tapie, l’accord a été imposé d’en haut, juste avant que les décisions finales mettent un terme aux revendications mirobolantes. Et le système judiciaire républicain a été évincé de l’affaire.

Que faut-il en penser ? Dans la réalité juridique, le principe de liberté s’applique comme en médiation. Les parties sont libres de la manière dont elles choisissent de résoudre leur différend, soit à l’amiable, soit de manière privée, soit en faisant appel au système judiciaire. Pour une médiation, les parties sont libres de choisir leur médiateur. Et en l’occurrence pour un arbitrage, les parties sont libres de choisir les membres du jury. Il en faut trois. Chacune en propose un et les deux arbitres désignés choisissent le troisième. Trois arbitres ont composé le collège arbitrale de cette affaire : Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Denis Bredin, avocat et Pierre Estoup, magistrat, auteur notamment de quelques brochures juridiques et de décisions arbitrales.

Le dernier personnage de ce collège apparaît moins célèbre. De source Mediapart, il bénéficie d’une reconnaissance peu honorable de la part de quelques pairs. La citation suivante, extraite d’un jugement rendu par Michel Desplan le 23 novembre 2003, concerne son intervention d’arbitre dans l’affaire ELF : «En fait cet arbitrage, réalisé dans d’étranges conditions (…) n’a aucune valeur probante aux yeux du tribunal.».

La rémunération des arbitres

Dans la rigueur juridique, et pour une affaire mêlant les intérêts des citoyens à des intérêts privés, il aurait été possible – et les juristes de cette affaire ne peuvent l’ignorer – de demander aux juges de statuer en amiable composition, au titre de l’article 12 du CPC. Dans ce cas, la rémunération des arbitres auraient été celle des juges. Dans l’affaire de l’arbitrage Tapie, les trois arbitres ont perçus chacun quelques 300 000 €. L’enveloppe revient de fait à la charge du contribuable, et s’élève au bas mot à 900 000 €. Le choix du recours à des juges privés n’a de toute évidence pas été innocent. Un magistrat qui aurait appliqué l’article 12 du CPC n’aurait pas pu réclamer une somme quelconque pour son intervention arbitrale.

L’arbitrage, circonstances et intérêts

La mise en place de ce système est en effet possible. Dans les affaires commerciales, l’intérêt est double : la discrétion et la rapidité de l’arbitrage. Pour la discrétion, il faut repasser. Mais pour ce qui est de la célérité… Jamais affaire n’aura été aussi vite emballée pour faire payer l’État.

Pour être mis en place, toutes les parties doivent être d’accord (art.1447 du CPC). Si l’une des parties avait fait défaut, alors le tribunal arbitral n’aurait pas pu être mis en place. L’accord des parties pour qu’un arbitrage privé soit mis en place conduit à rendre les juridictions étatiques, même si elles sont saisies de l’affaire, incompétentes au sens de l’article 1458 du CPC. Seules des personnes physiques peuvent, en application des articles 1451 et 1453 du CPC, composer le collège arbitral.

Un point reste obscur est l’absence de la représentation directe de l’État, lequel est devenu le payeur. Les lettres attestent pourtant que Christine Lagarde a influencé les décisions. Si les choix ont été faits au nom des risques financiers, alors il conviendrait de les prouver autrement qu’en brandissant des milliards d’euro, témoignant plus de l’incompétence des gestionnaires de l’État que de leur sens de la prévision. Si les honoraires des avocats ont coûté une dizaine de millions d’euros, l’incompétence semble avérée. Mme Lagarde et ses prédécesseurs ne pouvaient ignorer que l’arbitrage – comme la médiation – est prévu par les textes.

La sentence arbitrale

Dans l’affaire Tapie, l’indemnisation pourrait figurer au Guinness des records. Résultats : la bagatelle de 285 millions – oui – 285 millions d’euros, qui montent la somme à 400 millions avec les intérêts, et 40 millions au titre de préjudice moral, le tout à payer par l’Etat dans les plus brefs délais. C’est fait. Empoché. Le magot est déjà placé ailleurs. L’affaire aurait pu être classée. Mais des députés et quelques citoyens ont la dent dure. A leur tête, Charles de Courson, qui a engagé des actions devant le tribunal administratif pour contester à la fois l’arbitrage et la décision arbitrale. C’est désormais neuf députés qui ont engagé un recours auprès du procureur près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal.

En réplique Christine Lagarde menace les députés de poursuites judiciaires. Ce comportement apparaît de la même nature que les dénégations de Michèle Alliot-Marie confrontée à ses relations et transactions tunisiennes. Puisque la ministre-avocate a tant fait confiance dans l’arbitrage pour une affaire aux enjeux difficilement imaginables par la quasi totalité des citoyens, ne pourrait-elle là, pour une affaire de simple querelle verbal faire appel à la médiation ?

A quand la médiation préalable obligatoire avant tout usage intempestif du système judiciaire ?

Dans un interview au Nouvel Observateur, Charles de Courson indique que si les mises en causes en cours étaient confirmées, seul le recours à l’arbitrage par le Consortium de réalisation serait mis en cause, pas les indemnisations. L’affaire n’a pas fini de porter atteinte à l’image des MARC qui ont pourtant du mal à se lancer dans le grand public.

Les médiateurs vont devoir savoir tirer leur épingle de ce jeu. Contrairement au modèle avancé, ils vont devoir témoigner d’autant de probité, d’indépendance, d’impartialité et de neutralité.

L’hallali sur la Libye, un alibi pour le gouvernement français

Voici quelques mois, Mouammar Kadhafi était fréquentable pour être accueilli par Nicolas Sarkozy, en 2007, toute argenterie sortie, tentes plantées dans les beaux jardins élyséens. Ceux qui avaient trouvé cette réception par un représentant du peuple français indigne étaient menacés de répression par la préfecture de police, sur demande de l’Élysée. Que croire, le discours d’hier, affirmant que Kadhafi était digne d’être reçu en France ou celui que sert aujourd’hui un président de la république, Nicolas Sarkozy, dont le comportement semble véhiculer l’hystérie des va-t-en guerre ?

Les dernières semaines des événements de la politique gouvernementale en France devenaient catastrophiques. Jamais un président français n’a été aussi vite décridibiliser par ses actions et son entourage. On trouve pêle-mêle les profits personnels de la famille Alliot-Marie, la mise en cause d‘Eric Woertz dans l’affaire Béttencourt qui implique aussi Nicolas Sarkozy, l’affaire avec Dominique de Villepin, les sondages bidonnés de l’Élysée, le premier ministre qui va en vacances offertes par le dictateur Moubarak, le président lui-même qui séjourne à la résidence du roi Mohammed VI de Jnane Lekbir, à environ 3 km de Marrakech sur la route de Meknès… Sans oublier le financement de la campagne présidentielle de Balladur qui implique aussi Nicolas Sarkozy.

Bref, ce que nous venons à découvrir et ce qui va venir. Les héritiers de Pasqua et de Chirac sont au pouvoir et, comme le maître, ils se font naturellement remarquer et organisent leur système de protection.

Il fallait un évènement fort. Quelque chose de marquant. Quelque chose qui frappe l’imagination, pousse à écarquiller les yeux, sidère, détourne l’attention. Quelque chose qui conduise à focaliser. Quelque chose qui entraîne tout le monde. Quelque chose qui fasse l’adhésion. Peu importe le sacrifice.

Car en effet, la question, la vraie, la seule, la question à laquelle il conviendrait de répondre est celle qui apporterait l’information sur ce qui a pu se passer entre Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi. Oui, car un conflit de cette envergure n’est pas soudain. Si Nicolas Sarkozy était vraiment épris des droits humains, ça se saurait. Il se serait tourné en premier vers les méfaits de la Russie… Bon, admettons que ce soit trop ancien. N’était-il pas prêt à envoyer quelques missiles sur le Mexique au nom de l’innocence proclamée de Florence Cassez et de la succession du Mexique à la présidence du G20 ? Trop loin, probablement. Alors pourquoi pas sur Laurent Bagbo ? Les conditions sont aussi clairement réunies. Hé bien non. Alors, que ne s’est-il pas passé entre Sarkozy et Bagbo et qui s’est produit entre Kadhafi et Sarkozy ? Les contrats promis par Kadhafi, plusieurs millions d’euro d’armement en échange d’une centrale nucléaire n’auraient-ils pas été honorés ? Il devrait bien y avoir de cela… Fallait-il rapidement discréditer le Libyen qui avance désormais avec des pétards mouillés de financements occultes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy ? L’astuce pourrait consister à crier en premier à l’agression et à savoir jouer de la voix victimaire.

S’il ne s’était rien passé entre les deux hommes, alors la réponse serait ailleurs. Elle serait dans un besoin stratégico-politique de Nicolas Sarkozy, qui entraîne tout le monde autour de lui, sauf Angela Merkel, habituée à un Sarkozy auquel elle ne fait guère confiance. Kadhafi en ferait les frais.

Quelque chose à dire sur Marine Lepen ?

Le jeu de cache-cache auquel se livre de toute évidence le parti le plus partisan de l’autoritarisme en France muselle nombre de personnes. La peur commence à intimider. Les courtisans s’entraînent aux ronds de jambes. Le souvenir ne suffit pas. Serait-ce trop ancien ? Pourtant, l’évidence n’est guère contrastée lorsque l’on se tourne pour regarder la leader du premier parti contre les libertés déjà malmenées…

Alors, Marine Lepen, quelque chose à dire sur elle ? Un médiateur professionnel m’a répondu : rien. Ce n’est pas mon avis. En effet, bien qu’elle pourrait prêter à se méfier ou à rire, Marine n’a aucun talent. Ses parents, et surtout son père, l’on faite fade. Mais comme il faut bien expliquer l’impact populaire, des journalistes trônant sur des média grand public lui attribuent un charisme que l’aboyeuse du Front National n’a pas. Refusant d’imaginer que seule la connerie humaine justifie son ascension politique, on fouille dans le creuset de la logique des événements.

C’est tristement plus simple. Elle répète son père comme une fille trempée dans une sauce bidouillée par Sigmund Freud. Tandis qu’il grognait, elle joue la petite fille donneuse de leçons à la m’dame ou au m’sieur de la radio-télé. Elle feint la complicité avec la populace qui va voter pour elle et dont elle ne connait rien. Il tentait de rivaliser avec Georges Marchais. Tribun des soirs de beuverie, il a attiré en nombre les arsouilles en mal de reconnaissance. Ils lui ont trouvé un slogan de pochtrons, digne du programme de galère qu’elle serait capable de concocter “Les gars de la Marine“. Il lui a refilé son auditoire comme on passe un bâton merdeux à la génération suivante.

Dans cette fange populacière où grouille la vermine et les valets, elle se vautre. Elle jubile de ses reparties prévisibles comme le scénario d’une série télévisuelle, style les feux de la bêtise, de la haine et de la jalousie. Les journalistes se plaisent à la taquiner. A-t-elle bien compris ? Marianne de la vulgarité, elle prend un air hautain et simule l’outrage. Elle affiche l’autosatisfaction de la plus stupide des décérébrées. Ca marche. Elle éructe à la manière du vieux singe, mais le clown est mal cloné. N’y-a-t-il pas eu erreur dans le dosage hormonal ? Les journalistes la trouvent devenue nationalement fréquentable, oublieux de son incurie dans le Nord-Pas-de-Calais. Elle s’incline dans une révérence sournoise d’une matrone vengeresse. Elle est devenue une femme politique et gouaille comme les femmes publiques ne le font plus.

Avocate frustrée et pétaradante, la virago Lepen tenterait-elle d’imiter le bruit de la Harley Davidson ? Ca ne masque guère l’engin, même si ça fait bien trottoir. Elle doit se faire des injections de testostérone pour développer et cultiver à la manière féminine la plus grosse part de la connerie masculine.

La question que j’en viens à me poser est de savoir pourquoi cette Marine là n’a pas été invitée par TF1 pour augmenter le panel de son carré de VIP dont le niveau correspond tout à fait à cette serveuse de lieux communs.

Et pour terminer, faut-il discuter avec Marine Lepen ? La peine de mort, l’immigration, les expulsions, les tests ADN, le renforcement sécuritaire, etc… Autant de non-sujets de discussion avec l’héritière électoraliste. C’est comme si on me proposait de discuter sur la question de savoir si on devait me priver de liberté… Un débat qui n’en n’est pas un.

L’année du Mexique a duré moins d’un jour…

Il s’agissait d’un événement culturel. Le Mexique devait participer à une année d’exposition en France, à la demande même du président Sarkozy. La proposition remonte à la visite officielle du président Français au Mexique en mars 2009. Les programmes étaient prêts, les dépenses engagées. De part et d’autre. Les objectifs ne portaient aucunement sur le système judiciaire. Il s’agissait de favoriser la coopération dans les secteurs économique, scientifique, technologique, touristique, éducatif et culturel, mais aussi de la santé, et du développement durable. Et l’affaire Cassez a débordé de la discussion judiciaires et des pourparlers diplomatiques. Deux années de coopération pour la mise en place des manifestations ont été balayées.

Nicolas Sarkozy a pris la décision de contrer les institutions mexicaines. Il a voulu imposer que l’année du Mexique soit dédiée à Florence Cassez condamnée à 60 ans de prison pour participation à des activités criminelles, dont rapts et kidnappings, demande de rançons, etc… La réponse mexicaine ne pouvait qu’être un refus de s’exposer à l’insulte politique. Le président Felipe de Jesús Calderón Hinojosa a été logique. Il a annulé la participation du Mexique à l’événement français. Pourquoi venir en France se faire insulter ?

Côté Français, le résultat n’est pas brillant. Non seulement les programmations ont été annulées, mais dans une période où l’on veille aux grains, la dépense publique a été importante et, au final, ce n’est pas avec cette action irréfléchie que Florence Cassez aura eu un meilleur sort.

Je vous propose de signer une pétition pour normaliser les relations politiques France-Mexique.

Une personne en colère

Vue dans la rue, prise au dépourvu, une personne explose son conflit au téléphone : “Je suis une fille normale…” dit-elle, en s’interrogeant sur ce que l’autre voudrait qu’elle fasse, se suicide peut-être.
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Tellement absorbée par son histoire, elle ne peut prêter attention à rien d’autre. Encore moins à moi qui la filme. Les automatismes de la vie lui permettent seulement d’avoir une certaine vigilance pour avancer physiquement. Son histoire la porte ou la transporte. Elle va, rasant les murs qu’elle suit et qu’elle fuit. Elle raconte son histoire au détour de tous les carrefours. Elle a fermé son sens critique sur toutes les autres formes de réalité. Un monde s’est construit en elle et l’a enfermé, et les autres avec elle.

Elle jouerait sur la scène de la vie un personnage de Luigi Pirandello : “Chacun de nous projette un univers dans lequel il s’enferme et les autres avec lui.”… sauf l’observateur qui s’inquiète de ce que cette forme d’auto-enfermement ne l’atteigne pas… ou plus. Un moment, pris en flagrant délit d’hébétude.